Véritable centre de contrôle de l’organisme, le système nerveux recueille et analyse à chaque seconde une quantité impressionnante d’informations qui permettent au corps de s’adapter à son environnement. 

Peut-on moduler son activité avec le massage ? 

Le point sur l’effet du massage sur le système nerveux.

Notre système nerveux s’avère un véritable chef d’orchestre. Ainsi, lorsqu’une personne pose sa main sur notre bras, les récepteurs sensoriels de la peau perçoivent la sensation. Ils transmettent l’information aux nerfs, qui convergent vers l’encéphale et la moelle épinière. C’est là, dans le système nerveux central, que les données sont analysées et interprétées. Une réponse motrice est par la suite élaborée, puis acheminée par les nerfs jusqu’aux différents organes du corps, avec pour résultat une réaction à la sensation initiale : douleur, chaleur, stress, apaisement, relaxation.

Le corps s’ajuste naturellement au climat, à l’ambiance, au milieu dans lequel il se trouve.

La branche du système nerveux qui joue le rôle d’accélérateur et de frein dans l’organisme est le système nerveux autonome

Ce système présente deux ramifications aux activités contraires, mais complémentaires. On distingue ainsi le système sympathique, qui mobilise les différents muscles et organes en situation de stress, et le , qui vise plutôt le retour à l’équilibre en contrant la réponse au stress (voir tableau).

SYSTEME NERVEUX SYMPATHIQUESYSTEME NERVEUX PARASYMPATHIQUE
Prépare l’organisme à répondre à un stress. Entraine un état de relaxation en ralentissant les fonctions de l’organisme. 
Entraine la libération d’adrénaline et de noradrénalineEntraine l libération d’acétylcholine
Dilate les bronchesRalentit les rythmes cardiaque et respiratoire
Accélére les rythmes cardiaques et respiratoires Diminue la pression artérielle
Augmente la pression artérielle Accélère le métabolisme du système digestif
Augmente la transpiration Induit une sensation de bien-être et d’apaisement général 
Dilate les pupilles
Diminue l’activité du système digestif
Tableau système sympathique et parasympathique

Le massage permettrait d’accélérer le retour à la normale à la suite d’un stress physique ou psychologique en stimulant l’activité de la branche parasympathique du système nerveux autonome. 

Les recherches sur le sujet ont en effet montré qu’en amenant le corps vers un état de relaxation et de bien-être, le massage entraînait une diminution significative du rythme cardiaque et du taux de cortisol, deux indicateurs physiologiques du stress chez l’être humain. 

Les études montrent également que l’action du massage sur le système parasympathique est rapide et peut se mesurer après quelques minutes d’intervention seulement.

COURT-CIRCUITER LA RÉPONSE DE DOULEUR PAR LE MASSAGE

En rejoignant le système nerveux, le massage provoque une cascade d’événements menant au bien-être et à la relaxation. Il fera aussi naître un lien de confiance entre le massothérapeute et son receveur, tout en favorisant une meilleure conscience corporelle et une plus grande estime de soi. Mais son action irait plus loin, jusqu’à court-circuiter les signaux douloureux envoyés par le système nerveux.

On peut certes constater la réponse du système nerveux en présence d’une douleur aiguë. Lorsqu’on se frappe l’index avec un marteau par exemple, les nocicepteurs, ces récepteurs sensoriels de la douleur, envoient un signal d’alarme au cerveau, qui nous fait retirer rapidement notre doigt d’en dessous du marteau. Malgré tout, une douleur apparaît et, pour la contrer, nous aurons le réflexe de nous frotter le doigt. Pourquoi? En provoquant une stimulation tactile, nous envoyons un influx nerveux sensitif au système nerveux central (SNC), ce qui bloque le message de douleur.

Ce concept, appelé la théorie du portillon, a été développé par Ronald Melzack et Patrick Wall dans les années 1960. Il veut qu’en amenant des informations non douloureuses, par exemple par le toucher, le système nerveux modifie sa réponse et ferme la porte aux signaux nociceptifs. Le massage s’avère donc intéressant pour contrer la réponse de douleur, qu’elle soit aiguë ou chronique.

La théorie du contrôle inhibiteur diffus nociceptif est également intéressante lorsqu’il est question de douleur. Elle veut qu’en provoquant une douleur, par une pression forte ou un toucher profond, il soit possible de faire appel à des mécanismes naturels de réduction de la douleur. En d’autres mots, un signal nociceptif déclencherait la libération de neurotransmetteurs (ex.: endorphines) qui, par leur effet diffus, bloquerait une douleur initialement présente, même à distance du point de stimulation. On combat le feu par le feu.

La massothérapie tire cependant avantage de son approche holiste, qui considère l’individu dans sa globalité. Bref, c’est par une intervention adaptée que le massothérapeute en arrivera à moduler l’activité du système nerveux.